COLLOQUE DE CHEVILLY-LARUE
G. Monnier : La porte,
centre culturel André Malraux
Chevilly-Larue
3 février 2007
C’est donc vous, et ici : vous serez les témoins, dans ce lieu,
d’une rencontre fatale, entre le parcours d’un poète inspiré, et la
démarche d’un historien-archéologue
d’un côté le conteur-voyageur, séduit par les portes du pays Dogon,
et qui découvre, dans le pays le plus pauvre de la planète, le gisement
des riches situations verbales et narratives que contient le thème de
la porte dans toutes les cultures du monde
d’un autre, les curiosités d’un historien de l’architecture et de la
ville, toujours étonné de rencontrer la vaillance de portes inconnues,
plus ou moins ordinaires, qui résistent au temps, en particulier à
l’interface de l’espace privé et de l’espace public.
Nous avons en commun d’être des inventeurs de richesses, en dehors
des lieux où elle s’accumule généralement, magasin ou musée.
L’achat d’une porte Dogon tourne mal, et je suis troublé lorsque la
mise en évidence d’une belle porte ancienne, - certaines sont des chef
d’œuvre - risque de la conduire chez l’antiquaire au musée.
Dans la tradition de l’architecture européenne, et constamment depuis
l’antiquité, et jusqu’au début du siècle dernier les portes sont des éléments
d’une exceptionnelle résistance, qui défient le temps -
l’unité de compte est le siècle - parce que leur valeur d’usage répond
à une demande permanente de clôture-ouverture de toute
construction.
un instrument du quotidien, un instrument qui permet l'usage du "clos et
du couvert"
- qui est la fois l'obstacle et le passage
- qui est à la fois statique et solide, articulé et mobile
un dispositif adapté à des parois, à des clôtures diverses :
le mur, la grille, la haie, la paroi de papier de la maison japonaise
un dispositif mobile adapté à des gestes différents :
pivotantes, basculantes, coulissantes
à des usages différents, par la dimension, la robustesse, le passage des
personnes, des véhicules, des animaux.
La combinaison de la statique et de la mobilité prend une forte valeur
symbolique :
-la porte marque le seuil, organise l'accès à l'édifice,
-la porte distingue le domaine privé de l'espace public
-la porte est un obstacle concret, technique, équipé de verrous, de barres, de serrures, etc
-la porte est l’instrument qui permet de commander le passage, d’installer l’interdit
or la porte est celle de l’homo faber, de ses capacités techniques
Il en découle une élaboration à la fois technique et culturelle du dispositif
d'où la combinaison toujours possible entre l'utile et l'apparat
entre le nécessaire et le luxe
d'où la combinaison entre valeur d'usage et sens,
entre instrument et œuvre d'art
une combinaison toujours ouverte, dans toutes les cultures, dans toutes les
périodes historiques, dans toutes les techniques
1. Les formes techniques : construire la porte, baie et vantaux
2. L’équipement de la porte : barres, verrous, serrures, marteau
3. Une question d'architecture :
- la relation avec le plan,
- une question de dessin : références et modèles
- un effacement récent
3. Une interprétation par les artistes
Quelles portes demain ?
Fontenay-le-Fleury 5 avril 2005
Aix-en-Provence,6 avril 2005
Chevilly-Larue, 3 février 2007